Unvoyage (INKTOBER 2020) DerniĂšres photos Album photos Illustrations par Loupclier; Sondage Comment trouvez-vous mon site ? Moyen Bien TrĂšs bien Accueil / Reçits et textes / La sorciĂšre de la cathĂ©drale de rouille (Texte complet) / Ch 1 – L'agent d'entretien. Ch 1 – L'agent d'entretien.

Si le cinĂ©ma Français existe par une centaine de films chaque annĂ©e, il est bien entendu que dix ou douze seulement mĂ©ritent de retenir l’attention des critiques et des cinĂ©philes, l’attention donc de ces Cahiers. » 2014 AnnĂ©e Truffaut. Exposition Ă  la CinĂ©mathĂšque de Paris, rĂ©trospectives, cĂ©lĂ©bration institutionnelle, reconnaissance gĂ©nĂ©rationnelle. UnanimitĂ© pour louer l’hĂ©ritage d’un des pĂšres fondateurs de la Nouvelle Vague. L’exposition de la CinĂ©mathĂšque, riche de documents et Ă©mouvante par instants, s’achĂšve pourtant par une sĂ©quence troublante la projection d’une vidĂ©o oĂč l’on voit de jeunes comĂ©diens interprĂ©ter une scĂšne de Truffaut, parler. Qui sont-ils ? D’oĂč viennent-ils ? Pourquoi nous les montre-t-on se montrer ? Ils jouent mal, n’ont rien Ă  dire. La sĂ©quence est gĂȘnante. Leurs noms sont affichĂ©s la moitiĂ© ou presque sont des fils/fille de » Garrel, Haenel, Bonitzer, etc. Le metteur en scĂšne Vincent Macaigne adoubĂ© par la critique pour son dernier spectacle au Théùtre de la ville de Parisest bien entendu de la partie. De quoi sont-ils le nom ? De l’hĂ©ritage aux hĂ©ritiers, il n’y a qu’un pas il est franchi, sans que personne ne sourcille. CinĂ©ma, théùtre, mĂ©dia, mĂȘme rĂ©seau, mĂȘme processus de lutte des places quelle que soit la vacuitĂ© du propos et de la dĂ©marche. Mais finalement, est-ce si surprenant de voir le cinĂ©ma de Truffaut aboutir au conformisme creux et plat des annĂ©es 2010 ? Le lyrisme et l’exploration du soi prĂ©sents dans ses films ont prĂ©figurĂ© le dĂ©lire Ă©gotique de la sociĂ©tĂ© du spectacle qui tĂ©lĂ©ramise le cinĂ©ma comme les arts du spectacle. OĂč sont Jean Eustache, Philippe Garrel, scandaleusement absents, eux, de la rĂ©trospective, les seuls Ă  avoir travaillĂ© le versant nĂ©gatif de la naĂŻvetĂ© truffaldienne ? Godard, Ă  peine Ă©voquĂ©, leur brouille, ses raisons personnelles et artistiques, inexistante. AgnĂšs Varda, Jacques Demy, et d’autres enfants cinĂ©matographiques de Truffaut, laissĂ©s de cĂŽtĂ©. Tous ces auteurs qui ont travaillĂ© formellement l’hĂ©ritage de Truffaut sont remplacĂ©s par une jeunesse dĂ©jĂ  vieillie par les combats mondains. De l’exposition, je ne garde que ceci un objet fĂ©tiche qui n’a d’autre consistance qu’un plaisir vide et Ă©phĂ©mĂšre. Alors mĂȘme que les portes Ă©taient ouvertes, elles se referment sur la jeune arriĂšre-garde française. DĂ©finitivement Godard, Garrel, Eustache. De 2014 Ă  1954. Cette annĂ©e-lĂ , Truffaut publie un article demeurĂ© cĂ©lĂšbre Une Certaine Tendance du CinĂ©ma français. 60 ans plus tard, quelle boucle enchevĂȘtre ce propos novateur Ă  ce qui s’en est suivi? Quelle crĂ©ativitĂ© le théùtre français a-t-il donnĂ© Ă  voir dans une annĂ©e marquĂ©e notamment par le Festival d’Avignon prĂ©sidĂ© par Olivier Py, le conflit des intermittents, le Festival d’Automne, et d’autres manifestations encore ? Je laisse de cĂŽtĂ© la question de savoir pourquoi le propos de Trufaut s’est finalement retournĂ© contre lui, et comment, aprĂšs Les 400 coups, il a pu reproduire le cinĂ©ma archaĂŻque qu’il abhorrait. La force du texte, elle, reste intacte ; elle tient Ă  l’absolue actualitĂ© du propos, mais presque en nĂ©gatif. Truffaut oppose cinĂ©ma de texte et cinĂ©ma de metteur en scĂšne, cinĂ©ma de la tradition et de la qualitĂ© » et cinĂ©ma d’auteur. Il Ă©crit Ă  un moment Eh bien je ne puis croire Ă  la co-existence pacifique de la Tradition de la QualitĂ© et d’un cinĂ©ma d’auteur.» La guerre que s’apprĂȘtent Ă  mener Truffaut et ses futurs-amis, c’est le refus de la Tradition et de la QualitĂ©, cette position est irrĂ©conciliable. Et bien pourtant, 2014 a vu se poursuivre le processus inverse la fusion des deux et leur dilution rĂ©ciproque. Je gĂ©nĂ©ralise, il y a bien entendu des exceptions Ă  cela HypĂ©rion de Marie-JosĂ©e Malis, Bit de Maguy Marin, et d’autres encore, mais elles sont relĂ©guĂ©es Ă  la marge. Je me souviens du “Py-ĂȘtre“ Festival d’Avignon 2014, son inconsistant théùtre du retour au texte». Comme si le salut pouvait venir d’une divine poĂ©tique qui suffirait Ă  faire oeuvre. Des mots-valises entendus Ă  foison, comme pour faire oublier que l’heureux Ă©lu posait les siennes absolument partout, et entendait que cela se voie. C’est donc cela Une certaine tendance du théùtre français. Mettre en avant le verbe pour s’exposer Ă  la pleine lumiĂšre, au risque que le verbeux et le verbiage peinent Ă  masquer les ambitions personnelles. Mais ce n’est pas tout car, comme l’écrit Truffaut Vive l’audace certes, encore faut-il la dĂ©celer oĂč elle est vraiment. » L’adaptation de L’Idiot par Vincent Macaigne, par exemple, est-elle drapeau rĂ©volutionnaire ou sac plastique, effigie cynique de la sociĂ©tĂ© de consommation ? OĂč se trouvent la prise de risque vĂ©ritable, la violence symbolique ? Peut-on croire Ă  la subversion par les cris, par le cru, par une dĂ©bauche d’images et de moyens
 quand c’est peut-ĂȘtre en rĂ©alitĂ© la subvention qui est recherchĂ©e, qui se trame, qui se joue derriĂšre ces appareils ? Poursuivons avec Truffaut Le trait dominant du rĂ©alisme psychologique est sa volontĂ© anti-bourgeoise. Mais qui sont Aurenche et Bost, Sigurd, Jeanson, Autant-Lara, Allegret, sinon des bourgeois, et qui sont les cinquante mille nouveaux lecteurs que ne manque pas d’amener chaque film tirĂ© d’un roman, sinon des bourgeois ? » Il suffit de remplacer ces noms par ceux de la nouvelle gĂ©nĂ©ration ». La bourgeoisie, c’est la reproduction sociale, par le capital, les codes, le rĂ©seau, la culture ; la reproduction d’idĂ©es, par le conformisme. C’est la lutte des places, peu importe ce qu’on y fait, ce qu’on y dit il faut en ĂȘtre. Que propose le jeune metteur en scĂšne Sylvain Creuzevault comme pensĂ©e politique dans Le Capital ? La dĂ©construction permanente rire de tout pour Ă©viter de penser quoi que ce soit. Rire entre soi de rĂ©fĂ©rences communes, ni approfondies, ni complexifiĂ©es. Et que dire de “RĂ©pĂ©tition” de Pascal Rambert ? LĂ  encore, la dĂ©construction comme cache-misĂšre, comme jeu de miroirs, et peu importe s’il ne reflĂšte rien d’autre que le vide. La tentative initiĂ©e par Philippe Quesne de mettre en scĂšne l’enfance dans Next Day ? Mais oĂč sont donc les enfants de Nanterre, ceux qu’on trouverait par exemple dans les Ă©coles de la ville ? Nous avons des apothicaires qui font leurs comptes au lieu d’artistes capables de nous aider Ă  penser le monde contemporain. Dans une sociĂ©tĂ© en crise, oĂč sont les marginaux, les dĂ©laissĂ©s, les exclus ? On a beau chercher, on ne les voit pas. Il est plus que temps d’ouvrir la scĂšne et les théùtres aux acteurs sociaux, aux prĂ©caires, aux enfants, aux personnes issues de l’immigration, Ă  tous ceux qui n’appartiennent pas au monde de la culture Quelle est donc la valeur d’un cinĂ©ma anti-bourgeois fait par des bourgeois, pour des bourgeois ?» demande Truffaut. Quelle est donc la valeur d’un théùtre anti-bourgeois fait par des bourgeois, pour des bourgeois ? Des portes sont ouvertes en 2014, certaines oeuvres ont marquĂ© les esprits celles d’AngĂ©lica Liddell, Pippo Delbono, RomĂ©o Castellucci, Matthew Barney, William Forsythe, proposĂ© un dispositif radical, Ă  la mesure des enjeux contemporains. En 2015, il faudra creuser ce sillon. Car il vient de loin, et ne date pas d’aujourd’hui sur mon fil d’actualitĂ© Facebook, un ami renvoie au blog de Pierre Assouline qui retranscrit sa discussion avec Mickael Lonsdale. Ce dernier Ă©voque Beckett, qui avait dĂ©jĂ  perçu cet enjeu Ă  l’époque AprĂšs sa mort, j’ai relu tout ce qu’il a Ă©crit. J’ai compris qu’il ne parlait que des pauvres, des fous, des clodos, des dĂ©traquĂ©s, des rejetĂ©s de la sociĂ©tĂ©, alors que depuis des siĂšcles, le théùtre nous faisait vivre certes des situations tragiques mais auprĂšs de rois, de puissants. Sans son humour, ce serait intenable. Sa compassion pour l’humanitĂ© est incroyable. Je l’ai bien connu dans sa vie privĂ©e discrĂštement, il aidait les gens, les secourait lorsqu’ils Ă©taient malades. Sa femme l’ayant fichu dehors Ă  cause de leurs disputes, il vivait dans une maison de retraite tout prĂšs de chez lui ; mais quand elle est morte, il a prĂ©fĂ©rĂ© rester parmi mes semblables » disait-il, au lieu de rentrer chez lui. Jusqu’à la fin, il faisait les courses pour un couple qui ne pouvait plus se dĂ©placer. La gĂ©nĂ©rositĂ© de cet homme ! DĂšs lors que l’on essaie de sauver les gens, c’est de l’ordre de l’amour, donc Dieu est lĂ . Mais de tout cela, on ne parlait pas en marge des rĂ©pĂ©titions. Pourtant j’ai créé ComĂ©die dont on peut associer la diction Ă  celle des monastĂšres. Recto tono ! Une vitesse de mitrailleuse ! Sans inflexion ni psychologie. Une machine ! MĂȘme si son inspiration pouvait ĂȘtre picturale, le Caravage surtout qu’il allait voir en Allemagne. En attendant Godot est nĂ© de la vision d’un tableau. Pour le reste, Beckett c’était saoĂ»lographie totale. » / Sylvain Saint-Pierre – Tadorne Étiquettes Angelica Liddell, Maguy Marin, Marie-JosĂ© Malis, Pippo Delbono, RomĂ©o Castellucci, Sylvain Crevezault, Vincent Macaigne, William Forsythe Pourquoi n’écris-tu plus sur le Tadorne ? ». Parce que le théùtre ne me donne plus la parole »  Depuis la rentrĂ©e le processus avait dĂ©jĂ  commencĂ© au festival d’Avignon, gĂ©nĂ©ration Py, je suis un spectateur passif, en attente d’une expĂ©rience qui ne vient pas. Je ressens un fossĂ©, un gouffre, entre des gestes artistiques verticaux et ma capacitĂ© Ă  les accueillir, avec mes doutes, mes forces et mes questionnements. Je reçois des propos qui ne me sont pas adressĂ©s, juste pensĂ©s pour un microcosme culturel qui adoube, exclut, promeut. A lui seul, il a souvent Ă©tĂ© public d’un soir
notamment lors du festival de crĂ©ation contemporaine Actoral Ă  Marseille. Ce que j’y ai vu m’est apparu dĂ©sincarnĂ©, hors de propos parce que sans corps. Le spectacle dit vivant » s’est rĂ©vĂ©lĂ© mortifĂšre le rapport au public n’est plus LA question. Il y a bien eu le metteur en scĂšne japonais Toshiki Okada avec Super Premium Sof Double ». Son Ă©criture oĂč se mĂȘlent mouvements et mots est une avancĂ©e pour relier corps et pensĂ©e visant Ă  nous dĂ©crire l’extrĂȘme solitude des travailleurs japonais qui trouvent dans les supermarchĂ©s ouverts la nuit de quoi puiser l’énergie d’un espoir de changement. Je suis restĂ© longtemps attachĂ© Ă  ces personnages Ă  priori automatisĂ©s dans leurs gestes, mais oĂč se nichent des interstices oĂč la poĂ©sie prend le pouvoir. Il y a bien eu La noce » de Bertolt Brecht par le collectif In Vitro emmenĂ© par Julie Deliquet au TGP dans le cadre du festival d’Automne Ă  Paris. Une table, un mariage, une famille et des amis. C’est magnifiquement jouĂ©, incroyablement incarnĂ© pour dĂ©crire cette Ă©poque les annĂ©es 70 oĂč la question du corps Ă©tait politique. Mais une impression de dĂ©jĂ  vu GwenaĂ«l Morin, Sylvain Creuzevault me rend trop familier avec le jeu des acteurs pour que j’y voie un théùtre qui renouvellerait sa pensĂ©e. Il y a eu Vincent Macaigne avec “Idiot! parce que nous aurions dĂ» nous aimer“, chouchou des institutions et de la presse depuis son dernier succĂšs Ă  Avignon. À peine arrivĂ© au Théùtre de la Ville Ă  Paris, le bruit est une violence. Vincent Macaigne et ses acteurs s’agitent dans le hall et dans la rue. Les mĂ©gaphones nous invitent Ă  fĂȘter l’anniversaire d’Anastasia, l’une des hĂ©roĂŻnes de L’idiot » de Fiodor DostoĂŻevski. En entrant dans la salle, nous sommes conviĂ©s Ă  monter sur scĂšne, pour boire un verre » Ainsi, le public est chauffeur de salle, rĂ©duit Ă  un Ă©lĂ©ment du dĂ©cor. Il rĂšgne une ambiance insurrectionnelle quelques spectateurs sont sur scĂšne tandis qu’un acteur le Prince observe, immobile, illuminĂ© par un faisceau de lumiĂšre. C’est fascinant parce que le sens du théùtre s’entend. Mais cette force va rapidement s’épuiser. Parce que Vincent Macaigne s’amuse comme un gosse Ă  qui l’on aurait donnĂ© tout l’or du monde ici, l’argent public coule Ă  flot pour transposer cet Idiot en Ă©vitant de passer par la case politique. Car il n’a aucun sens politique on se casse la gueule pour faire diversion genre humour plateau de tĂ©lĂ©, on gueule pour habiter les personnages, on noie le propos dans une scĂ©nographie d’un type parvenu au sommet parce que les professionnels culturels sont aveuglĂ©s par le pouvoir de la communication. Macaigne leur rend bien tout respire la vision d’un communicant. Jusqu’à cette scĂšne surrĂ©aliste Ă  l’entracte oĂč, face au bar, il pousse un caisson tandis que se tient debout le Prince. Macaigne pousse
invite le public Ă  applaudir mais qui ne rĂ©pond pas. La scĂšne aurait pu faire de l’image, mais Macagine est pris Ă  son propre piĂšge il fait du trĂšs mauvais théùtre de rue. Mais qu’importe, le jeune public et une classe sociale branchĂ©e y trouvent leur compte le théùtre peut aussi faire du bruit et de l’image, cĂ©lĂ©brer le paraĂźtre et la vacuitĂ© de l’époque. On se perd trĂšs vite dans les personnages parce que l’effet prend le pas sur la relation souvent rĂ©duite Ă  un geste, une interpellation, parce que les dialogues sont Ă  l’image d’un fil de discussion sur Facebook. Avec Vincent Macaigne, le théùtre est un produit de surconsommation. C’est pathĂ©tique parce que les acteurs se dĂ©battent en gueulant et que cela ne fait jamais silence; parce que Macaigne se fait une Ă©trange conception du public Ă  son service. C’est pathĂ©tique parce que ce théùtre du chaos ne crĂ©e aucun dĂ©sordre il profite juste de nos errances. Il y a bien eu Impermanence » du Théùtre de l’Entrouvert, spectacle dit jeune public » co-diffusĂ© par le Théùtre Massalia et la CriĂ©e de Marseille. Dans la salle, une fois de plus, beaucoup de professionnels. Il y a trĂšs peu d’enfants. Au cƓur de la Belle de Mai, il n’y a aucune famille de ce quartier trĂšs populaire. Jeune public ou pas, la fracture sociale est la mĂȘme. Le théùtre dit contemporain ne s’adresse plus au peuple. S’adresse-t-il seulement aux enfants alors que mon filleul de 9 ans ne voit pas toute la scĂšne parce qu’il est trop petit le théùtre ne dispose d’aucun coussin pour lui? La feuille de salle est un texte trĂšs hermĂ©tique Ă  l’image d’une piĂšce qui reprend tous les poncifs de la crĂ©ation contemporaine. Au cours de ce voyage théùtral sans but, l’artiste Ă©voque la perte de sens » on ne saurait mieux Ă©crire. Ici se mĂ©langent musique vrombissante, images, numĂ©ro allĂ©gĂ© de cirque, marionnette inanimĂ©e. Tout est mortifĂšre Ă  l’image d’un pays pĂ©trifiĂ© dans la peur de faire. Toutes les esthĂ©tiques sont lĂ  pour satisfaire les programmateurs. C’est dĂ©courageant de constater que les logiques de l’entre soi sont maintenant imposĂ©es aux enfants. Dans ce paysage morose, il y a une lueur d’espoir. Elle vient d’un metteur en scĂšne, Jacques Livchine, qui rĂ©pond JosĂ©-Manuel GonçalvĂšs, directeur du 104 Ă  Paris aprĂšs son interview dans Telerama. Un paragraphe a retenu mon attention Il y a quelque chose qui ne va pas dans le théùtre, il n’y a pas de projet commun, rien ne nous relie les uns les autres, On est dans le chacun pour soi, le ministĂšre de la Culture est incapable de nous donner le moindre Ă©lan. Les petites sources de théùtre ne deviennent pas des ruisseaux ou des riviĂšres qui alimenteraient un grand fleuve, non, c’est le marchĂ© libĂ©ral, la course aux places, aux contrats, les symboles se sont envolĂ©s, nous sommes tous devenus des petits boutiquiers comptables. Il faudrait se mettre tous ensemble pour dire qu’on en a marre, qu’il faut que nos forces s’additionnent pour une seule cause, celle de retrouver “la fibre populaire”. On a besoin d’un dĂ©fi collectif, le théùtre ne doit plus s’adresser Ă  un public, mais Ă  la ville toute entiĂšre. » Ce dĂ©fi ne se fera pas avec le ministĂšre de la Culture et ses employĂ©s obĂ©issants. Il se fera Ă  la marge, par la base, par un long travail de rĂ©appropriation de l’art par ceux qui veulent que la relation humaine soit au centre de tout. Les théùtres subventionnĂ©s ont depuis longtemps abandonnĂ© ce centre-lĂ  pour jouer Ă  la pĂ©riphĂ©rie afin de maintenir leurs pouvoirs et leurs corporatismes. Pascal BĂ©ly – Le Tadorne. Étiquettes Julie Deliquet, Toshiki Okada, Vincent Macaigne Trois annĂ©es aprĂšs la crise des subprimes, trois artistes du Festival d’Avignon s’emparent du sujet pour en restituer leur vision Nicolas Stemann Les contrats du commerçant, une comĂ©die Ă©conomique», Thomas Ostermeier Un ennemi du peuple» et Bruno Meyssat 15%». Premier Ă©pisode avec Nicolas Stemann pour la reprĂ©sentation la plus chĂšre aprĂšs celles de la Cour d’honneur entre 29 et 36 €; Ă  ce prix-lĂ , il reste encore des places. Il s’avance sur la scĂšne pour nous prĂ©venir la piĂšce est longue un compteur de pages trĂŽne sur le plateau, bloquĂ© Ă  99 et il n’est pas nĂ©cessaire de lire en continu les surtitres effectivement, le texte dElfriede Jelinek est une interminable logorrhĂ©e verbale Ă  propos des consĂ©quences de la spĂ©culation financiĂšre sur l’économie rĂ©elle. Nicolas Stemann prĂ©cise que nous pouvons quitter les gradins de la cour du LycĂ©e Saint-Joseph pour nous dĂ©saltĂ©rer au bar et visionner “les contrats”. ManiĂšre Ă©lĂ©gante pour dĂ©finir ce spectacle comme une installation. Ces principes de prĂ©caution Ă©tant posĂ©s, la piĂšce peut dĂ©buter. Feuillets Ă  la main, les acteurs Ă©grĂšnent le texte tout en le ponctuant de diffĂ©rentes performances. Le mistral s’invite pour faire voler ce texte soporifique en Ă©clats de papier. Les corps des acteurs en disent bien plus que les mots qui dĂ©filent tels des cours de la bourse sur les chaines d’information. La succession de performances met en scĂšne les ravages d’un systĂšme financier hors de contrĂŽle sur la vie d’un couple de retraitĂ©s. Je m’ennuie trĂšs vite comme si ces images, mĂȘme mĂ©taphoriques, m’étaient familiĂšres. En effet, la danse contemporaine et les arts plastiques vĂ©hiculent les symboles du corps marchand» depuis longtemps sans faire explicitement rĂ©fĂ©rence Ă  la crise financiĂšre. À cet instant, ce théùtre-lĂ  n’invente rien. Tout au plus recycle-t-il des procĂ©dĂ©s scĂ©niques au profit d’un texte bien heureux d’ĂȘtre ainsi valorisĂ©! L’absence de dramaturgie provoque la farce, malgrĂ© de belles images» de corps ensanglantĂ©s, de corps crucifiĂ©s Ă  la dĂ©rive et de scĂšnes de boulimie de billets de banque qui tournent au vomi
 LassĂ©, je prends la tangente vers le bar oĂč le prix des consommations n’a rien Ă  envier Ă  ceux pratiquĂ©s sur la Place de l’Horloge. On y discute, mais de quoi? Des spectateurs naufragĂ©s couverture sur les Ă©paules errent dans le jardin, mais vers oĂč? Étrange image que ces attroupements comme si le besoin de lien social prenait le pas sur les performances! Est-ce une mĂ©taphore de notre inconscience face Ă  la crise? Je dĂ©cide de ne pas regagner ma place. Je me positionne Ă  l’entrĂ©e du couloir entre scĂšne et jardin, tel un observateur attentif pour ne rien perdre de mon regard critique. Situation totalement inĂ©dite en vingt ans de frĂ©quentation du Festival! Je savoure cette liberté  C’est alors que Vincent Macaigne metteur en scĂšne d’un Hamlet dĂ©capant lors de l’édition de 2011 du Festival s’insurge dans les gradins. Il veut stopper la piĂšce. De ma place, je comprends trĂšs vite que c’est un jeu de rĂŽles calculĂ©. Il finit par monter sur le plateau. La scĂšne est assez pathĂ©tique dĂ©sinvolte, il semble dĂ©couvrir le texte. Mon attention est dĂ©tournĂ©e par un enfant comĂ©dien» prĂ©cĂ©demment dĂ©guisĂ© en superman qui quitte le plateau par les coulisses. C’est la fille de Vincent Baudriller, directeur du Festival d’Avignon. Ainsi, la farce tourne vite Ă  la mise en scĂšne d’un milieu qui jouit du dĂ©sordre gĂ©nĂ©rĂ© par la crise ici symbolisĂ© par l’éclatement de la reprĂ©sentation oĂč la performance et les arts plastiques prennent le pouvoir sur la dramaturgie. Aucun systĂšme de pensĂ©e n’émerge de ce théùtre, tout au plus une amusante dynamique d’un jeu de rĂŽles» oĂč le spectateur non averti ignore des enjeux par quel processus cet enfant est-il arrivĂ© sur scĂšne? Que se joue-t-il entre Vincent Macaigne, Nicolas Stemann et la Direction sachant que le lendemain, on me dit que Stanislas Nordey, artiste associĂ© en 2013 du Festival, endossera le rĂŽle?. Il y a dans ces contrats» bien d’autres transactions» et d’autres comĂ©dies Ă©conomiques» oĂč le public n’est finalement qu’une variable d’ajustement ses dĂ©placements sont mĂȘme orchestrĂ©s Ă  des fins de mise en scĂšne fuite au-dehors ou vers le bar; qu’importe !. Au Théùtre des IdĂ©es, Ă©vĂ©nement programmĂ© au sein du Festival, ClĂ©mence HĂ©rout rapporte dans son blog l’intervention d’Alain Badiou Le théùtre reprĂ©senterait ainsi la tension entre transcendance et immanence de l’idĂ©e». Ce soir, nous en sommes trĂšs loin. Infiniment loin. Comme si la crise de 2008 avait rĂ©ussi Ă  faire plonger certains artistes joliment subventionnĂ©s dans la mise en scĂšne du cynisme avec une esthĂ©tique irrĂ©prochable pour amuser le bourgeois Ă  dĂ©faut d’inviter le peuple Ă  rĂ©flĂ©chir sur son avenir. Pascal BĂ©ly, Le Tadorne. Les contrats du commerçant, une comĂ©die Ă©conomique» de Nicolas Stemann au Festival d’Avignon du 21 au 26 juillet 2012. Étiquettes Alain Badiou, Nicolas Stemann, Vincent Baudriller, Vincent Macaigne Ce fut le succĂšs du dernier Festival d’Avignon. Une oeuvre rare. Le Théùtre National de Chaillot Ă  Paris l’accueille du 2 au 11 novembre 2011 avant une tournĂ©e jusqu’en fĂ©vrier 2012 Grenoble, Mulhouse, Douai, OrlĂ©ans, Nantes, Luxembourg, Valenciennes. Retour d’Avignon
 Cela devait arriver. Non que cela fut prĂ©visible, mais attendu. Depuis quelques jours, il se trame un drame derriĂšre les murs du CloĂźtre des Carmes au Festival d’Avignon. AprĂšs Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre» de Vincent Macaigne d’aprĂšs Hamlet» de William Shakespeare, de nombreux spectateurs semblent sonnĂ©s par cette proposition qui dĂ©passe l’entendement. Je n’ai pas pleurĂ©. Je me suis mĂȘme amusĂ© avec le chauffeur de salle. Fini l’attente. Le théùtre est ouvert dĂšs notre installation. Sur le gazon bien amochĂ© et boueux de la scĂšne, un homme harangue la foule avec une chanson dĂ©bile. Il invite le public Ă  monter sur le plateau. Les jeunes ne se font pas prier. Et ça dure
La caste journaliste vieillissante se demande avec inquiĂ©tude comment cela va finir. Cet espace intermĂ©diaire entre théùtre et rĂ©alitĂ© en dit long sur les intentions de Macaigne il faut nous mettre en condition, en assemblĂ©e. Quitte Ă  se foutre de notre gueule. Je n’ai pas pleurĂ©. J’ai juste tremblĂ© pour Hamlet. Depuis le temps, je m’habitue Ă  sa folie. Mais ce soir, c’est tout un systĂšme qui devient fou. Le corps du pĂšre gĂźt encore dans une fosse ouverte d’eau boueuse tandis que le mariage de Claudius avec la mĂšre d’Hamlet tourne Ă  la farce populaire d’une Ă©mission pour temps de cerveau indisponible. Nous rions Ă  notre dĂ©cadence. La boue est notre merdier. Les personnages se dĂ©patouillent pour exister dans ce dĂ©cor de terre piĂ©tinĂ©e, d’arriĂšre-cour de salle d’attente d’entreprise de communication, de logement prĂ©caire en tĂŽle et verre probablement dessinĂ© par le metteur en scĂšne institutionnalisĂ© et friquĂ© FrĂ©deric Fisbach, prĂ©sent au Festival avec Juliette Binoche, actrice squelettique. Comment comprendre la tragĂ©die d’Hamlet si l’on ne pose pas le contexte dans lequel elle interagit? Vincent Macaigne ne s’attarde pas beaucoup sur le spectre, rĂ©duit Ă  un furet empaillĂ©. Inutile de s’accrocher Ă  l’au-delĂ . Ici bas, suffit. Les mythes commencent sĂ©rieusement Ă  nous emmerder. Hamlet n’est pas fou, il souffre. Mais comment un tel systĂšme politique peut-il entendre la souffrance? Il est dĂ©calĂ©. Inaudible. Totalement inaudible. À devenir dingue. D’ailleurs, ils gueulent tous pour se faire comprendre. Mais comment en sommes-nous arrivĂ©s lĂ  ? Car je n’ai pas tardĂ© Ă  faire un lien cette scĂšne est notre Europe, notre boueux pays de France oĂč un saltimbanque au pouvoir transforme l’art en bouillon de culture
 Cette scĂšne est dĂ©gueulasse. Ils puent tous la mort. Cela gicle de partout. Comme un corps institutionnel agonisant, Ă©puisĂ© par la traĂźtrise aux idĂ©aux, mais encore vivant, car le cynisme leur donne l’énergie vitale d’organiser le chaos pour le maĂźtriser Ă  leur profit. Hamlet n’est pas fou il lutte pour sa chair
.Mais le systĂšme va l’emporter. Ne reste que le théùtre. Entracte. Hamlet reprend la main. Installe un théùtre oĂč il met en scĂšne son enfance. Aux origines. Qu’a vu Hamlet qu’il n’aurait pas dĂ» voir? Mais cette mise en abyme ne rĂ©siste pas. Le théùtre se fond dans le systĂšme politique jusqu’en Ă©pouser les jeux comment ne pas penser Ă  la nomination controversĂ©e d’Olivier Py Ă  la tĂȘte du Festival d’Avignon en 2014 ?. Je n’ai toujours pas pleurĂ©. Je me suis immobilisĂ©. Face Ă  tant de beautĂ© apocalyptique. La folie du Royaume et sa dĂ©chĂ©ance emportent le dĂ©cor du CloĂźtre des Carmes balayĂ© par un chĂąteau fort gonflable prĂȘt Ă  nous sauter Ă  la gueule. Notre Europe forteresse est une bĂąche rustinĂ©e maculĂ©e du sang des corps des migrants. Car le théùtre de Macaigne, c’est de la chair Ă  canon contre le pouvoir, offerte par des acteurs jusqu’au-boutistes qui donnent l’impression qu’ils pourraient mourir sur scĂšne. Macaigne ne disserte plus. Il convoque un théùtre d’images, quasiment chorĂ©graphique pour repenser l’Europe, il faut organiser nous-mĂȘmes le chaos, et arrĂȘter de s’accrocher Ă  des mythes empaillĂ©s. À partir de ses dĂ©combres, nous reconstruirons, torche Ă  la main. Vincent Macaigne pose un acte celui de MONTRER, alors que nous sommes saturĂ©s d’analyses et de paroles. Il n’a probablement rien de plus Ă  dire que ce qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dit. Or, Ă  l’heure oĂč le chaos s’installe, qui sait aujourd’hui montrer en dehors des visions molles
 Et si resentir l’image théùtrale Ă©tait une forme de pensĂ©e? Je me lĂšve pour applaudir. OĂč est Vincent Macaigne ? Peut-ĂȘtre dĂ©gueule-t-il. Pascal BĂ©ly, Le Tadorne. Le regard de Francis Braun. Il faut, c’est un ordre, ĂȘtre tĂ©moin de ce Miracle. Il faut participer Ă  ces heures de libertĂ© jouissive, vivre cette aventure shakespearienne indĂ©finissable avec la troupe de Vincent Macaigne dans Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre» d’aprĂšs Hamlet» de William Shakespeare. Il faut voir Le CloĂźtre des Carmes, lieu du Sang versĂ©, devenir le lieu de tous les possibles, de tous les dĂ©lires. Il faut le voir vivre d’une façon diffĂ©rente il a Ă©tĂ© investi totalement pour cette occasion par un cabinet de curiositĂ©s baroque et intrigant sur un sol un gazon vert fanĂ© avec eau croupissante. Nous sommes conviĂ©s par un chauffeur de salle pour une cĂ©rĂ©monie joyeuse et terrible. On hĂ©site entre un happening hippy baba et un spectacle de fin d’annĂ©e ; on se demande Ă  quelle sauce on sera trempĂ©s
les gens descendent, des gradins sur la scĂšne, commencent Ă  danser
on attend et ce sera tout Ă  la fois. Ce soir, Hamlet revisitĂ© va devenir L’?uvre Théùtrale universelle d’un mec imprĂ©visible et sans contrainte. Ce sera le fait d’un artiste qui explose Ă  la fois de sa folie et de son dĂ©lire. On le sait intelligent, dĂ©sarmant, on ne sait pas si cela va durer dix minutes, une heure, ou toute la nuit
ou s’il va s’en aller. Au bout de quelques minutes, c’est certain nous allons oublier le temps pendant quatre heures, nous allons ĂȘtre assis, rivĂ©s Ă  nos fauteuils, bloquĂ©s hilares, sidĂ©rĂ©s et Ă©bahis. L’esprit de Vincent Macaigne, qui s’agite avec les machinistes en haut des gradins, comme un chef d’orchestre, est totalement dĂ©bridĂ© et contrairement au slogan nĂ©on posĂ© en enseigne sur le mur d’en face 
il y aura pas de miracles ce soir » Mais, de CE MIRACLE, on pourra se souvenir
 C’est Hamlet, lui, sa famille, son trĂŽne, son palais qui nous sont racontĂ©s, mais c’est aussi la TragĂ©die de ce Prince du Danemark revisitĂ©e sur un gazon piĂ©tinĂ©, semĂ© d’embĂ»ches irrĂ©parables. C’est une vie de crime intemporelle relatĂ©e sur un champ dĂ©vastĂ©. C’est hier et aujourd’hui sang mĂȘlĂ©, c’est une OphĂ©lie en pleine inquiĂ©tude, c’est une mĂšre qui n’en peut plus de possĂ©der ; c’est bien sur Hamlet, jeune enfant qui se souvient. C’est son histoire fondue enchaĂźnĂ©e Ă  notre actualitĂ© qui s’exprime sous nos yeux et devenons alors les otages-bienveillants-volontaires dans un cloĂźtre ouvert Ă  toutes les Folies. Folies de la mise en scĂšne tour Ă  tour explosive, sereine, calme ou dĂ©sespĂ©rĂ©e. Folies des lumiĂšres, soudainement crĂ©pusculaires, parfois hivernales, soudainement glaciales
Le cauchemar ou le rĂȘve partent en fumĂ©e
des rĂ©elles fumĂ©es nous enveloppent ponctuellement. Les comĂ©diens nous surprennent tout le temps, ils nous font rire et nous coupent la respiration. Nous sommes Ă  chaque seconde secouĂ©e de sentiments diffĂ©rents. Nous sommes dĂ©stabilisĂ©s, dĂ©rangĂ©s, enthousiastes, parfois inquiets. Plus les minutes passent, plus les corps-spectateurs se figent silencieusement dans le respect et l’effroi. Des litres de sang se dĂ©versent sur un corps qui meurt. C’est l’Instant terrifiant incarnĂ© par des comĂ©diens incroyables. Nous sommes happĂ©s, nous ne savons plus distinguer l’histoire et le prĂ©sent. C’est Ă  la fois le spectre de Pippo Delbono qui hurle sans qu’on le comprenne, c’est Angelica Liddell qui joue de son corps, de ses seins, de son sexe, c’est aussi le Sang de Jan Fabre, mais c’est surtout le monde du corps de Vincent Macaigne. Il y avait avant Pina et aprĂšs Pina
il y avait avec Angelica Liddell, maintenant l’histoire shakespearienne ne pourra vivre sans le cadavre laissĂ© par Vincent Macaigne. dans les murs du CloĂźtre des Carmes
. C’est lui L’ENFANT du festival, car il naĂźt ce soir Ă  nos yeux. Offrons-lui le TRONE qu’il mĂ©rite, qu’on le couvre d’HONNEURS, qu’on le salue, et que l’on reconnaisse en lui CELUI par qui un autre THEATRE arrive
. Proclamons-le 
Notre Nouveau Prince de Hambourg, crions haut et fort
Vive LE PRINCE et vive sa folie. Ce fut, je dois dire, exceptionnel. Monsieur Vincent Macaigne, Nouveau Prince en Avignon
 Francis Braun, Le Tadorne. Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre» de Vincent Macaigne. TournĂ©e ici. Étiquettes Vincent Macaigne Il faut, c’est un ordre, ĂȘtre tĂ©moin de ce Miracle. Il faut participer Ă  ces heures de libertĂ© jouissive, vivre cette aventure shakespearienne indĂ©finissable avec la troupe de Vincent Macaigne dans Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre» d’aprĂšs Hamlet» de William Shakespeare. Il faut voir Le CloĂźtre des Carmes, lieu du Sang versĂ©, devenir le lieu de tous les possibles, de tous les dĂ©lires. Il faut le voir vivre d’une façon diffĂ©rente il a Ă©tĂ© investi totalement pour cette occasion par un cabinet de curiositĂ©s baroque et intrigant sur un sol un gazon vert fanĂ© avec eau croupissante. Nous sommes conviĂ©s par un chauffeur de salle pour une cĂ©rĂ©monie joyeuse et terrible. On hĂ©site entre un happening hippy baba et un spectacle de fin d’annĂ©e ; on se demande Ă  quelle sauce on sera trempĂ©s
les gens descendent, des gradins sur la scĂšne, commencent Ă  danser
on attend et ce sera tout Ă  la fois. Ce soir, Hamlet revisitĂ© va devenir L’oeuvre Théùtrale universelle d’un mec imprĂ©visible et sans contrainte. Ce sera le fait d’un artiste qui explose Ă  la fois de sa folie et de son dĂ©lire. On le sait intelligent, dĂ©sarmant, on ne sait pas si cela va durer dix minutes, une heure, ou toute la nuit
ou s’il va s’en aller. Au bout de quelques minutes, c’est certain nous allons oublier le temps pendant quatre heures, nous allons ĂȘtre assis, rivĂ©s Ă  nos fauteuils, bloquĂ©s hilares, sidĂ©rĂ©s et Ă©bahis. L’esprit de Vincent Macaigne, qui s’agite avec les machinistes en haut des gradins, comme un chef d’orchestre, est totalement dĂ©bridĂ© et contrairement au slogan nĂ©on posĂ© en enseigne sur le mur d’en face “il y aura pas de miracles ce soir» Mais, de CE MIRACLE, on pourra se souvenir
 C’est Hamlet, lui, sa famille, son trĂŽne, son palais qui nous sont racontĂ©s, mais c’est aussi la TragĂ©die de ce Prince du Danemark revisitĂ©e sur un gazon piĂ©tinĂ©, semĂ© d’embĂ»ches irrĂ©parables. C’est une vie de crime intemporelle relatĂ©e sur un champ dĂ©vastĂ©. C’est hier et aujourd’hui sang mĂȘlĂ©, c’est une OphĂ©lie en pleine inquiĂ©tude, c’est une mĂšre qui n’en peut plus de possĂ©der ; c’est bien sur Hamlet, jeune enfant qui se souvient. C’est son histoire fondue enchaĂźnĂ©e Ă  notre actualitĂ© qui s’exprime sous nos yeux et devenons alors les otages-bienveillants-volontaires dans un cloĂźtre ouvert Ă  toutes les Folies. Folies de la mise en scĂšne tour Ă  tour explosive, sereine, calme ou dĂ©sespĂ©rĂ©e. Folies des lumiĂšres, soudainement crĂ©pusculaires, parfois hivernales, soudainement glaciales
Le cauchemar ou le rĂȘve partent en fumĂ©e
des rĂ©elles fumĂ©es nous enveloppent ponctuellement. Les comĂ©diens nous surprennent tout le temps, ils nous font rire et nous coupent la respiration. Nous sommes Ă  chaque seconde secouĂ©e de sentiments diffĂ©rents. Nous sommes dĂ©stabilisĂ©s, dĂ©rangĂ©s, enthousiastes, parfois inquiets. Plus les minutes passent, plus les corps-spectateurs se figent silencieusement dans le respect et l’effroi. Des litres de sang se dĂ©versent sur un corps qui meurt. C’est l’Instant terrifiant incarnĂ© par des comĂ©diens incroyables. Nous sommes happĂ©s, nous ne savons plus distinguer l’histoire et le prĂ©sent. C’est Ă  la fois le spectre de Pippo Delbono qui hurle sans qu’on le comprenne, c’est Angelica Liddell qui joue de son corps, de ses seins, de son sexe, c’est aussi le Sang de Jan Fabre, mais c’est surtout le monde du corps de Vincent Macaigne. Il y avait avant Pina et aprĂšs Pina
il y avait avec Angelica Liddell, maintenant l’histoire shakespearienne ne pourra vivre sans le cadavre laissĂ© par Vincent Macaigne. dans les murs du CloĂźtre des Carmes
. C’est lui L’ENFANT du festival, car il naĂźt ce soir Ă  nos yeux. Offrons-lui le TRONE qu’il mĂ©rite, qu’on le couvre d’HONNEURS, qu’on le salue, et que l’on reconnaisse en lui CELUI par qui un autre THEATRE arrive
. Proclamons-le “Notre Nouveau Prince de Hambourg”, crions haut et fort “Vive LE PRINCE et vive sa folie”. Ce fut, je dois dire, exceptionnel. Monsieur Vincent Macaigne, Nouveau Prince en Avignon
 Francis Braun, Le Tadorne. A lire le regard de Pascal BĂ©ly. Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre» de Vincent Macaigne au Festival d’Avignon du 9 au 19 juillet 2011. Étiquettes Vincent Macaigne

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Cuisinierset gastronomes y ont puisĂ© des produits trĂšs tĂŽt rĂ©putĂ©s pour leur saveur et leur fraĂźcheur. Mercredi 16 mars 2022, le MusĂ©e de Normandie, Saveurs de Normandie et Flyin Chef s’associent Ă  nouveau pour vous proposer deux rencontres-dĂ©gustations autour d’un objet phare du musĂ©e en lien avec la gastronomie normande. Les chefs caennais Ă  votre rencontre :11h :
Posted on 4 novembre 201127 mai 2021 La Parafe Spectacles 6 Comments Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre » de Vincent Macaigne Ă  Chaillot S’il y a un reproche que l’on ne peut pas adresser Ă  Vincent Macaigne, c’est de faire les choses Ă  moitiĂ©. Dans Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre, d’aprĂšs Hamlet de Shakespeare, le jeune metteur en scĂšne va jusqu’au bout dans l’excĂšs et dans l’épuisement des Ă©nergies. On ressort de lĂ  en en ayant pris plein la face et avec le dĂ©sir de hurler Ă  notre tour. Lire la suite
Aumoins j’aurai laissĂ© un beau cadavre. 2 n° 132 juin 2011 2 On pourra complĂ©ter les quelques pistes qui sont donnĂ©es ici par les nombreuses ressources disponibles sur la piĂšce et ses mises en scĂšne : ‱ Shakespeare : la scĂšne et ses miroirs, Hamlet et La Nuit des rois, coll. « théùtre aujourd’hui », CNDP, n° 6, 1998. ‱ Dossier pĂ©dagogique sur Hamlet de Peter Brook,
L’Ɠuvre d’HomĂšre est immense, non seulement en quantitĂ©, mais par la place qu’elle occupe dans la littĂ©rature mondiale. Les vers qui nous sont parvenus ne reprĂ©sentent qu'une fraction de l'ensemble de son oeuvre L’Iliade et L’OdyssĂ©e. Ils sont disposĂ©s dans les deux textes en 24 parties ou chants» qui devaient former des histoires indĂ©pendantes pouvant ĂȘtre racontĂ©es en une seule fois. Ces Ă©popĂ©es racontent d'une part le siĂšge de Troie, enjeu impitoyable entre les hĂ©ros et les dieux de la GrĂšce, d'autre le retour interminable de l'un de ces hĂ©ros, Odysseus en latin Ulysse dans son Ăźle natale. Isabelle GrĂ©gor L’Iliade en quelques mots Achille boude. Agamemnon, chef des armĂ©es grecques, lui a reprit son esclave prĂ©fĂ©rĂ©e, BrisĂ©is. Il refuse donc obstinĂ©ment de retourner combattre sous les murs de Troie. Depuis prĂšs de 10 ans, les armĂ©es des Grecs ou AchĂ©ens en font le siĂšge pour rependre la belle HĂ©lĂšne, enlevĂ©e par PĂąris, prince troyen. S’il ne se dĂ©cide pas vite Ă  repartir au combat, c’est la dĂ©faite assurĂ©e ! Pour sauver la GrĂšce, son meilleur ami, Patrocle, se fait passer pour le hĂ©ros et parvient Ă  faire reculer les Troyens. Mais c’est sans compter sur Hector, leur meilleur guerrier, qui parvient Ă  tuer Patrocle. Fou de douleur, Achille jure de se venger. Hector succombe sous ses coups, et son corps est traĂźnĂ© derriĂšre le char de son vainqueur. Priam, roi de Troie, vient supplier Achille de lui rendre le corps de son fils des funĂ©railles solennelles vont pouvoir avoir lieu. Chante, DĂ©esse, la colĂšre d’Achille
 » La mort de Patrocle chant XVI Et dĂšs que Hector eut vu le magnanime Patrocle se retirer, blessĂ© par l'airain aigu, il se jeta sur lui et le frappa dans le cĂŽtĂ© d'un coup de lance qui le traversa. Et le fils de Menoetios tomba avec bruit, et la douleur saisit le peuple des AchĂ©ens. De mĂȘme un lion dompte dans le combat un robuste sanglier, car ils combattaient ardemment sur le faĂźte des montagnes, pour un peu d'eau qu'ils voulaient boire tous deux; mais le lion dompte avec violence le sanglier haletant. Ainsi Hector, le fils de Priam, arracha l'Ăąme du brave fils de Menoetios, et, plein d'orgueil, il l'insulta par ces paroles ailĂ©es - Patrocle, tu espĂ©rais sans doute saccager notre ville et emmener, captives sur tes nefs, nos femmes, dans ta chĂšre terre natale ? Ô insensĂ© ! c'est pour les protĂ©ger que les rapides chevaux d’Hector l'ont menĂ© au combat, car je l'emporte par ma lance sur tous les Troyens belliqueux, et j'Ă©loigne leur dernier jour. Mais toi, les oiseaux carnassiers te mangeront. Ah ! malheureux ! le brave Achille ne t'a point sauvĂ© » [
]. Et le cavalier Patrocle, respirant Ă  peine, lui rĂ©pondit - Hector, maintenant tu te glorifies, car Zeus, le fils de Chronos, et Apollon t'ont donnĂ© la victoire. Ils m'ont aisĂ©ment domptĂ©, en m'enlevant mes armes des Ă©paules [
] Je te le dis, garde mes paroles dans ton esprit Tu ne vivras point longtemps, et ta mort est proche. La Moire [le Destin] violente va te dompter par les mains d’Achille [
] ». Il parla ainsi et mourut, et son Ăąme abandonna son corps et descendit chez HadĂšs, en pleurant sa destinĂ©e, sa force et sa jeunesse. Le bouclier d’Achille chant XVIII Et il [HĂ©phaĂŻstos] jeta dans le feu le dur airain et l'Ă©tain, et l'or prĂ©cieux et l'argent. Il posa sur un tronc une vaste enclume, et il saisit d'une main le lourd marteau et de l'autre la tenaille. Et il fit d'abord un bouclier grand et solide, aux ornements variĂ©s, avec un contour triple et resplendissant et une attache d'argent. Et il mit cinq plaques au bouclier, et il y traça, dans son intelligence, une multitude d'images. Il y reprĂ©senta la terre et l'Ouranos [le Ciel], et la mer [
]. Et il fit deux belles citĂ©s des hommes. Dans l'une on voyait des noces et des festins solennels. [
] Puis, deux armĂ©es, Ă©clatantes d'airain, entouraient l'autre citĂ©. Et les ennemis offraient aux citoyens ou de dĂ©truire la ville, ou de la partager, elle et tout ce qu'elle renfermait. Et ceux-ci n'y consentaient pas, et ils s'armaient secrĂštement pour une embuscade, et, sur les murailles, veillaient les femmes, les enfants et les vieillards. Mais les hommes marchaient, conduits par ArĂšs et par AthĂ©na, tous deux en or, vĂȘtus d'or, beaux et grands sous leurs armes, comme il Ă©tait convenable pour des dieux; car les hommes Ă©taient plus petits. Et, parvenus au lieu commode pour l'embuscade, sur les bords du fleuve oĂč boivent les troupeaux, ils s'y cachaient, couverts de l'airain brillant. Deux sentinelles, placĂ©es plus loin, guettaient les brebis et les bƓufs aux cornes recourbĂ©es. Et les animaux s'avançaient, suivis de deux bergers qui se charmaient en jouant de la flĂ»te, sans se douter de l'embĂ»che. Et les hommes cachĂ©s accouraient; et ils tuaient les bƓufs et les beaux troupeaux de blanches brebis, et les bergers eux-mĂȘmes. Puis, ceux qui veillaient devant les tentes, entendant ce tumulte parmi les bƓufs, et montant sur leurs chars rapides, arrivaient aussitĂŽt et combattaient sur les bords du fleuve. Et ils se frappaient avec les lances d'airain. La Discorde et le Tumulte et la Ker [la Mort] fatale s’y mĂȘlaient. Et celle-ci blessait un guerrier, ou saisissait cet autre sans blessure, ou traĂźnait celui-lĂ  par les pieds, Ă  travers le carnage, et ses vĂȘtements dĂ©gouttaient de sang. Et ces divinitĂ©s semblaient des hommes vivants qui combattaient et qui entraĂźnaient de part et d'autre les cadavres. Achille tue Hector chant XXIII Et Achille, emplissant son cƓur d'une rage fĂ©roce, se rua aussi sur le fils de Priam. Et il portait son beau bouclier devant sa poitrine, et il secouait son casque Ă©clatant aux quatre cĂŽnes et aux splendides criniĂšres d'or mouvantes qu’HĂ©phaĂŻstos avait fixĂ©es au sommet. Comme HespĂ©ros, la plus belle des Ă©toiles qui se tiennent dans le ciel, se lĂšve au milieu des astres de la nuit, ainsi resplendissait l'Ă©clair de la pointe d'airain que le fils de PĂ©lĂ©e brandissait, pour la perte d’Hector, cherchant sur son beau corps la place oĂč il frapperait. Les belles armes d'airain que le fils de Priam avait arrachĂ©es au cadavre de Patrocle le couvraient en entier, sauf Ă  la jointure du cou et de l'Ă©paule, lĂ  oĂč la fuite de l'Ăąme est la plus prompte. C'est lĂ  que le divin Achille enfonça sa lance, dont la pointe traversa le cou d’Hector; mais la lourde lance d'airain ne trancha point le gosier, et il pouvait encore parler. Il tomba dans la poussiĂšre, et le divin Achille se glorifia ainsi - Hector, tu pensais peut-ĂȘtre, aprĂšs avoir tuĂ© Patrocle, n'avoir plus rien Ă  craindre ? Tu ne songeais point Ă  moi qui Ă©tais absent. InsensĂ© ! [
] Va ! les chiens et les oiseaux te dĂ©chireront honteusement, et les AchĂ©ens enseveliront Patrocle ! » Et Hector au casque mouvant lui rĂ©pondit en s’exprimant avec difficultĂ© - Je te supplie par ton Ăąme, par tes genoux, par tes parents, ne laisse pas les chiens me dĂ©chirer auprĂšs des nefs achĂ©ennes. Accepte l'or et l'airain que te donneront mon pĂšre et ma mĂšre vĂ©nĂ©rables. Renvoie mon corps dans mes demeures, afin que les Troyens et les Troyennes me dĂ©posent avec honneur sur le bĂ»cher. Et Achille, aux pieds rapides, le regardant d'un Ɠil sombre, lui dit - Chien ! Ne me supplie ni par mes genoux, ni par mes parents. PlĂ»t aux Dieux que j'eusse la force de manger ta chair crue, pour le mal que tu m'as fait ! Rien ne sauvera ta tĂȘte des chiens, mĂȘme si on m'apporterait dix et vingt fois ton prix, et nuls autres prĂ©sents; mĂȘme si Priam, le fils de Dardanos, voulait te racheter ton poids d'or ! Jamais la mĂšre vĂ©nĂ©rable qui t'a enfantĂ© ne te pleurera couchĂ© sur un lit funĂšbre. Les chiens et les oiseaux te dĂ©chireront tout entier. » Priam supplie Achille de lui rendre le corps de son fils chant XXIV - Souviens-toi de ton pĂšre, ĂŽ Achille Ă©gal aux Dieux ! Il est de mon Ăąge et sur le seuil fatal de la vieillesse. Ses voisins l'oppriment peut-ĂȘtre en ton absence, et il n'a personne qui Ă©carte loin de lui l'outrage et le malheur; mais, au moins, il sait que tu es vivant, et il s'en rĂ©jouit dans son cƓur, et il espĂšre tous les jours qu'il verra son fils bien-aimĂ© de retour d'Ilios. Mais, moi, malheureux ! qui ai engendrĂ© des fils irrĂ©prochables dans la grande Troie, je ne sais s'il m'en reste un seul. J'en avais cinquante quand les AchĂ©ens arrivĂšrent [
]. Un seul dĂ©fendait ma ville et mes peuples, Hector, que tu viens de tuer tandis qu'il combattait pour sa patrie. Et c'est pour lui que je viens aux nefs des AchĂ©ens; et je t'apporte, afin de le racheter, des prĂ©sents infinis. Respecte les dieux, Achille, et, te souvenant de ton pĂšre, aie pitiĂ© de moi car je suis plus malheureux que lui, car j'ai pu, ce qu'aucun homme n'a encore fait sur la terre, approcher de ma bouche les mains de celui qui a tuĂ© mes enfants ! » Il parla ainsi, et il remplit Achille du regret de son pĂšre. Et le fils de PĂ©lĂ©e, prenant le vieillard par la main, le repoussa doucement. Et ils se souvenaient tous deux; et Priam, prosternĂ© aux pieds d'Achille, pleurait de toutes ses larmes Hector, le tueur d'hommes; et Achille pleurait son pĂšre et Patrocle, et leurs gĂ©missements retentissaient sous la tente. Puis, le divin Achille, s'Ă©tant rassasiĂ© de larmes, sentit sa douleur s'apaiser dans sa poitrine, et il se leva de son siĂšge; et plein de pitiĂ© pour cette tĂȘte et cette barbe blanche, il releva le vieillard de sa main. L’OdyssĂ©e en quelques mots Les Dieux ont enfin dĂ©cidĂ© de laisser Ulysse rentrer chez lui. Retenu chez Calypso, le hĂ©ros grec a hĂąte de revoir son Ăźle Itaque, oĂč l’attend sa femme PĂ©nĂ©lope. Mais le chemin du retour ne peut qu’ĂȘtre pavĂ© d’épreuves pendant que son fils TĂ©lĂ©maque, parti Ă  sa recherche, Ă©coute ses anciens compagnons d’armes lui expliquer la chute de Troie, Ulysse doit lutter contre la tempĂȘte qui le fait naufrager sur les terres du roi Alkinoos. C’est l’occasion pour lui de raconter Ă  son hĂŽte une partie de ses aventures sa confrontation avec le Cyclope PolyphĂšme, sa rencontre avec la redoutable magicienne CircĂ©, sa descente au Royaume des morts. Puis voici les cruelles SirĂšnes, les piĂšges tendus par Charybde et Scylla et enfin l’arrivĂ©e chez la douce Calypso. Finalement, Uysse quitte Alkinoos et retrouve Itaque oĂč les prĂ©tendants tentent de s’emparer du pouvoir. DĂ©guisĂ© en mendiant, il rĂ©ussit Ă  vaincre ses adversaires Ă  l’épreuve de l’arc avant de les massacrer, avec l’aide de TĂ©lĂ©maque. Je suis Ulysse, le fils de LaĂ«rte
 » Ulysse et le Cyclope chant IX Ulysse raconte Ă  Alkinoos ses aventures chez le Cyclope PolyphĂšme qui le retient prisonnier avec ses marins. Il lui a fait croire qu’il s’appelait Personne » Mes gens se tenaient prĂšs de moi ; le ciel dĂ©cuplait notre audace. Soulevant le pieu d’olivier Ă  la pointe acĂ©rĂ©e, ils l’enfoncĂšrent dans son Ɠil ; moi, je pesais d’en haut et je tournais. [
] Ainsi, tenant dans l’Ɠil le pieu affĂ»tĂ© Ă  la flamme, nous tournions, et le sang coulait autour du bois brĂ»lant. Partout, sur la paupiĂšre et le sourcil, grillait l’ardeur de la prunelle en feu, et ses racines grĂ©sillaient. [
] Il poussa d’affreux hurlements ; la roche en retentit ; mais nous, pris de frayeur, nous nous Ă©tions dĂ©jĂ  sauvĂ©s. Alors il s’arracha de l’Ɠil le pieu souillĂ© de sang et le rejeta loin de lui d’une main forcenĂ©e. Puis d’appeler Ă  grands cris les Cyclopes qui vivaient dans les grottes des environs, sur les sommets venteux. En entendant ses cris, ils accoururent de partout ; plantĂ©s devant la grotte, ils voulaient connaĂźtre ses peines PolyphĂšme, pourquoi jeter ces cris d’accablement ? Pourquoi nous rĂ©veiller au milieu de la nuit divine ? Serait-ce qu’un mortel emmĂšne malgrĂ© toi tes bĂȘtes ? Serait-ce toi qu’on veut tuer, ou par ruse ou par force ? » Le puissant PolyphĂšme leur cria du fond de l’antre Par ruse, et non par force ! et qui me tue, amis ? Personne ! » Et les Cyclopes de rĂ©pondre par ces mots ailĂ©s Personne ! aucune violence ? et seul comme tu l’es ? Ton mal doit venir du grand Zeus, et nous n’y pouvons rien. Invoque plutĂŽt PosĂ©idon, notre roi, notre pĂšre ! » Ils s’éloignĂšrent sur ces mots, et je ris en moi-mĂȘme mon nom et mon habile tour les avaient abusĂ©s ! Sous le charme de CircĂ©, la magicienne chant X Ulysse laisse ses compagnons aller visiter des rivages inconnus
 Ils dĂ©couvrirent dans un val, en un lieu dĂ©gagĂ©, la maison de CircĂ© avec ses murs de pierres lisses. Autour se tenaient des lions et des loups de montagne, que la dĂ©esse avait charmĂ©s par ses drogues funestes. Mais loin de sauter sur mes gens, les fauves se levĂšrent et vinrent les flatter en agitant leurs longues queues. [
] CircĂ© sortit en hĂąte, ouvrit la porte scintillante et les pria d’entrer ; et tous ces grands fous de la suivre ! [
] Elle les conduisit vers les siĂšges et les fauteuils ; puis, leur ayant battu fromage, farine et miel vert dans du vin de Pramnos, elles versa dans ce mĂ©lange un philtre [potion magique] qui devait leur faire oublier la patrie, le leur servit Ă  boire et, les frappant de sa baguette, alla les enfermer au fond de son Ă©table Ă  porcs. De ces porcs ils avaient la tĂȘte et les voix et les soies [poils du porc], et le corps, mais gardaient en eux leur esprit d’autrefois. Ainsi parquĂ©s, ils pleurnichaient, cependant que CircĂ© leur jetait Ă  tous Ă  manger glands, faĂźnes et cornouilles [fruits], qui sont la pĂąture ordinaire aux cochons qui se vautrent. Le retour d’Ulysse Ă  Itaque Argos, un compagnon fidĂšle chant XVII Tandis qu'ils [Ulysse et son serviteur EumĂ©e] se livraient Ă  cet Ă©change de propos, un chien affalĂ© lĂ  dressa la tĂȘte et les oreilles c'Ă©tait Argos, le chien que de ses mains le brave Ulysse avait nourri, mais bien en vain, Ă©tant parti trop tĂŽt pour la sainte Ilion [Troie]. Les jeunes l'avaient longtemps pris pour chasser le liĂšvre, le cerf et les chĂšvres sauvages. Mais depuis le dĂ©part du maĂźtre, il gisait lĂ  sans soins, sur du fumier de bƓuf et de mulet qu’on entassait en avant du portail, afin que les valets d’Ulysse eussent toujours de quoi fumer son immense domaine. C’était lĂ  qu’était couchĂ© Argos, tout couvert de vermine. Or, Ă  peine avait-il flairĂ© l’approche de son maĂźtre, qu’il agita sa queue et replia ses deux oreilles ; mais il n’eut pas la force d’aller plus avant ; Ulysse, en le voyant, se dĂ©tourna, essuyant une larme, vite, Ă  l’insu d’EumĂ©e ; aprĂšs quoi il dit ces mots Porcher, l’étrange chien couchĂ© ainsi sur le fumier ! De corps il est vraiment trĂšs beau, mais je ne puis savoir si sa vitesse Ă  courre [Ă  la poursuite du gibier] Ă©tait Ă©gale Ă  sa beautĂ©, ou s’il n’était simplement qu’un de ces chiens de table, que les maĂźtres n’entourent de leurs soins que pour la montre [pour le plaisir de le montrer]. » À ces mots, tu lui rĂ©pondis ainsi, porcher EumĂ©e Celui-lĂ  c’est le chien d’un homme qui est mort au loin. S’il Ă©tait restĂ© tel, pour les prouesses et l’allure, qu’Ulysse le laissa au moment de partir pour Troie, sa forme et sa vitesse auraient tĂŽt fait de t’étonner. Jamais les bĂȘtes qu’il traquait dans les forĂȘts profondes ne lui ont Ă©chappĂ© ; il connaissait les pistes. Mais le voilĂ  fort affaibli ; son maĂźtre a disparu loin de chez lui ; les femmes le dĂ©laissent, le nĂ©gligent. Les serviteurs, dĂšs qu’ils n’ont plus de maĂźtre Ă  respecter, refusent d’accomplir le travail auquel ils se doivent. Zeus tonnant ĂŽte Ă  l’homme la moitiĂ© de sa valeur, dĂšs l’instant que vient le saisir le jour de l’esclavage. » À ces mots, il gagna la riche demeure et marcha droit vers la salle oĂč se trouvaient les nobles prĂ©tendants. Mais Argos n’était plus la sombre mort l’avait saisi, au moment de revoir Ulysse aprĂšs vingt ans d’absence. Sources bibliographiques du dossier et des textes Les Collections de l’Histoire n°24 La MĂ©diterranĂ©e d’HomĂšre. De la guerre de Troie au retour d’Ulysse, juillet-septembre Farnoux, HomĂšre, le prince des poĂštes, Ă©d. Gallimard DĂ©couvertes » n°555, Faure, La vie quotidienne en GrĂšce au temps de la Guerre de Troie - 1250 avant JC, Librairie Hachette, de Romilly, HomĂšre, Presses universitaires de France Que sais-je ? » n°2218, de L’Iliade et l'OdyssĂ©e Ă©dition Larousse, Petits classiques » PubliĂ© ou mis Ă  jour le 2020-01-18 102755

Unmari jugé pour homicide, mais sans cadavre. Par Stéphane Durand-Souffland, envoyé spécial à Toulouse. Publié le 11/04/2009 à 07:21, Mis à jour le 20/04/2009 à 07:22. Jacques Viguier

PubliĂ© le 27/09/2021 Ă  0519 , mis Ă  jour Ă  0520 Au moins trois personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es et plus de cinquante autres blessĂ©es lors du dĂ©raillement d’un train samedi dans l’Etat amĂ©ricain du Montana, les sauveteurs dĂ©pĂȘchĂ©s sur place s’employant Ă  Ă©vacuer les passagers et membres d’équipage. Huit des dix wagons du train de la compagnie ferroviaire publique Amtrak ont dĂ©raillĂ© prĂšs de Joplin, une petite localitĂ© proche de la frontiĂšre avec le Canada. Environ 141 passagers et 16 membres d’équipage Ă©taient Ă  bord de ce train qui reliait Chicago Ă  Seattle. Les causes de l’accident n’étaient pas claires dans un premier temps. Le Conseil national de la sĂ©curitĂ© des transports NTSB, une agence fĂ©dĂ©rale, a annoncĂ© sur Twitter avoir ouvert une chronique du rĂ©seau ferrĂ©Des images vidĂ©o publiĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux et diffusĂ©es par les mĂ©dias locaux montraient des personnes attendant prĂšs des voies, des bagages Ă©parpillĂ©s Ă  cĂŽtĂ© d’elles, regardant des wagons ayant dĂ©raillĂ©, dont au moins un renversĂ© sur le coordinatrice des services de catastrophe et d’urgence du Montana, Amanda Frickel, a indiquĂ© que des Ă©quipes de secouristes Ă©taient sur place et que plusieurs hĂŽpitaux — ainsi que des hĂ©licoptĂšres mĂ©dicaux — Ă©taient prĂȘts Ă  intervenir. "Toutes les personnes en vie ont Ă©tĂ© extraites de la carcasse" du train, a-t-elle rĂ©seau ferroviaire amĂ©ricain souffre d’un sous-financement chronique et des accidents mortels s’y produisent rĂ©guliĂšrement. En fĂ©vrier 2018, deux personnes avaient Ă©tĂ© tuĂ©es et 70 blessĂ©s dans une collision entre deux trains, l’un transportant 147 personnes et l’autre des marchandises, en Caroline du Sud sud-est. En dĂ©cembre 2017, trois personnes avaient Ă©tĂ© tuĂ©es dans un dĂ©raillement dans l’Etat de Washington nord-ouest, qui avait fait basculer plusieurs wagons d’un pont sur une autoroute. Mais la pire catastrophe ferroviaire depuis une cinquantaine d’annĂ©es remonte Ă  octobre 1972, lorsque deux trains de banlieue Ă©taient entrĂ©s en collision Ă  Chicago, faisant 45 morts et plus de 330 blessĂ©s.
Nem'a pas trouvé beau. Je n'ai pas eu de soeur. Plus tard, j'ai redouté l'amante à l'oeil moqueur. Je vous dois d'avoir eu, tout au moins, une amie. Grùce à vous une robe a passé dans ma vie. Par: Edmond Rostand. Extrait de: Cyrano de Bergerac (1897) Ajoutée par Savinien le 25/07/2010. Catégories: Acte V, ScÚne 6 « D'un coup d'épée, Frappé par un héros, tomber la
Hamlet ou la rage au ventre. AprĂšs sa vision et son interprĂ©tation brillantes de L’Idiot, Vincent Macaigne s’est attaquĂ© Ă  prĂ©sent au gĂ©ant Shakespeare. Les cotillons, les serpentins, le sang, un chĂąteau fantĂŽmatique, une tombe liquide de boue viennent accentuer la narration. Ici, Macaigne prĂ©sente un Hamlet passionnel et dĂ©vorĂ© par la folie des autre, mais pas uniqument. Vincent Macaigne prĂ©texte Hamlet et dĂ©crit le monde. Sur le coup, le spectateur se voit assailli, saturĂ© de sons, de couleurs, d’effets de lumiĂšre et de mise en scĂšne. Des images s’accrochent Ă  l’esprit et s’y gravent. Le public est partagĂ© quoi? les scĂšnes sont coupĂ©es? le texte n’est pas respectĂ©? Sur le coup de la passion toute théùtrale, on y voit une succession de tableaux infinis, de sons, de beuglements, une saturation de bande-sons, de couleur, de sang; enfin de trop d’effets de mise en scĂšne restaient en bouche, ou plutĂŽt en vue, un goĂ»t Ă©coeurant de trop plein, d’indigestion sonore et visuelle. Au travers de cette crĂ©ation Ă  part entiĂšre il a retravaillĂ© Ă©galement avec l’univers du conte ayant inspirĂ© Shakespeare le metteur en scĂšne montre cette violence qui parcourt notre monde. Il Ă©grĂšne ainsi les insultes, apostrophe et malmĂšne son public. Le spectacle se veut Ă  part entiĂšre et les scĂšnes prĂ©sentĂ©es sont bien vivantes et obsĂ©dantes. Ici, il s’agit d’existence en scĂšne, de vie que l’on peut littĂ©ralement toucher du doigt. Contrairement Ă  ce que l’on aurait pu dire au sortir de la piĂšce et hormis le jeu de certains comĂ©diens, le souvenir six mois aprĂšs est celui d’une mise en scĂšne Ă©poustouflante. Une vĂ©ritable expĂ©rience serait-ce celle de l’existence ? Comme quoi les souvenirs permettent d’aimer un beau cadavre jugĂ© trop rapidement dĂ©composĂ© Ă  la sortie de la piĂšce. La question se pose de ce qui finalement constitue la valeur d’un spectacle ou d’une mise en scĂšne? Trop d’artifices turait l’artifice et pourtant, le souvenir de cette piĂšce demeure magistrale, hante les esprit Ă  l’image de la dĂ©testation qu’elle a pu provoquer sur le moment de la reprĂ©sentation. Est-ce donc le souvenir ? Les images qui affleurent ou un embellissement du souvenir? ou le pari de mettre en scĂšne la vie et non pas la Ă©niĂšme mise en scĂšne d’Hamlet de Shakespeare? . 221 367 137 249 286 207 236 334

au moins j aurai laissé un beau cadavre